Les démarrages timides de la PS Vita et de la Wii U offre 2 exemples de ce phénomène qui me semble malheureusement de plus en plus présent : mais après tout, est-ce vraiment mal de se réjouir du malheur des autres ?

 

Acheter une console : un choix clivant

Si on dit souvent que l'achat est un acte militant, on oublie de dire que l'achat est un acte qui pousse bien souvent à militer. Un acheteur heureux devient souvent un prescripteur d'opinion, une sorte de VRP bénévole du produit acheté. C'est sur ce mécanisme humain que se fonde le buzz, ou le bouche-à-oreille, et c'est souvent comme cela que les bons produits arrivent à sortir du lot. L'autre face moins positif de cette pièce, c'est que parfois l'identification peut devenir assez forte pour que l'adhésion à une marque implique la désaffection d'une autre.

Si certains joueurs ont la chance de posséder plusieurs consoles, les autres ont souvent bien du mal à vivre dans un monde multipolaire auquel ils ne participent pas. C'est l'essence même de la guerre des consoles, qui faisait autrefois les belles pages des suppléments été de nos magazines, et qui aujourd'hui nourrit les sites et forums internet.

La première raison pour laquelle on souhaite qu'une console échoue, c'est souvent parce qu'on ne la possède et qu'on ne la connait pas.

 

Des promesses et du rêve

Acheter une console dans ces premières années est toujours un pari sur un avenir incertain, basé sur les promesses de jeux à venir. On dit que la console n'est qu'une boite à acheter pour pouvoir jouer aux jeux qui nous plaisent, mais parfois les consoles incarnent elles-même une certaine vision de notre loisir préféré. La Wii a ainsi cristallisé la vague des casuals, cristallisant ainsi la haine d'une frange de joueurs ; la Xbox arrivait sur le marché en tentant d'initier le jeu typé PC sur console ;...

Il est temps ici d'énoncer une vérité qui dérange (©Al Gore) : le joueur est un être conservateur. Pétri par les habitudes et les règles que chaque jeu ne cesse de lui infliger, le joueur est un être capable d'hurler quand un jeu interverti 2 touches (oui je pense à vous les fans de PES et FIFA), de mépriser mamie qui a acheté une DS pour jouer à Brain training plutôt que GTA, voire de crier au scandale sur internet quand des développeurs osent changer ou adapter la formule de leur série préférée (les exemples ne manquent pas !)

Alors, quand les promesses d'une console illustrent nos pires cauchemars, il devient plus facile de souhaiter la mort rapide d'une console plutôt que de s'imaginer ne plus pouvoir jouer à des jeux d'occasions, ou bien devoir passer tous ses dimanches après-midi sur le bowling de Wii Sports avec papa-maman.

 

Le tourment de l'actualité

Autrefois, nous avions 12 chances d'être convaincus chaque année de l'achat d'une nouvelle console par nos magazines vidéoludiques, mais maintenant, c'est chaque jour que les avis se font et défont, à l'aube d'un énième megaton hebdomadaire.

Il n'a jamais été aussi long et compliqué de réaliser un jeu, et pourtant il faut remplir chaque jour les colonnes de nos sites préférés de douzaines de news, rediscuter et analyser sous un nouveau jour chaque information sur nos forums de prédilections. Et soyons clair, la nuance ne paye pas. Il faut encenser les millions de tel jeu ou machine vendu à 45 millions d'unités dans les 10 premières minutes, et surtout taper sur une autre qui peinerait à trouver preneur dans les 24 premières heures. Surtout, car taper sur les plus faibles (vous l'avez appris dans la cour de récréation) est plus facile et gratifiant que de s'attaquer aux machines que tout le monde a.

Les clics s'enchainent et les passions se déchainent, le peuple armé de fourches et de torches s'en va donc demander des têtes dans le meilleur des mondes.

 

 

L'herbe n'est donc pas forcément moins verte chez nos voisins vidéoludiques, et il peut être normal de souhaiter la mort de son prochain quand on ne le connait pas et que des gens en disent du mal sur internet (ouais, je sais, j'ai vachement bien résumé mon propos !). Mais est-ce bien raisonnable ? Avons-nous besoin que notre maman nous rappelle chaque jour qu'il y a de la place pour tout le monde dans ce monde ? Ou espère-t-on secrètement se tromper pour être finalement agréablement séduit par la suite ?

A l'aune de l'arrivée de nouvelles machines sur le marché, conservons intact à la fois notre sens critique et notre enthousiasme. Après tout, que notre vie de joueur serait triste s'il n'existait qu'une seule plateforme de jeu, ou une seule machine portable ! Laissons les chiffres de ventes et autres chiffres d'affaires aux directeurs financiers des sociétés de jeu vidéo !

Il me semble que ces enfantillages sont l'apanage d'un loisir qui n'en finit pas de naître, et je souhaite que les joueurs (et les média) regardent dans chaque nouvelle machine les opportunités de faire singulièrement grandir le jeu vidéo, et de continuer de nous faire tous rêver, ensemble.